Sextant - décembre 2006

Un palpitant : les saisons du coeur

Pour préliminaire de la rencontre avec l’un des pionniers de l’art participatif et interactif NICOLAS CLAUSS, dans le prochain SEXTANT (section multimedia, parrainée par Jean-Jacques Birgé, l’homme moderne, à paraître en janvier 2007), il suffit de cliquer au gré de votre curiosité sur les neuf portes du cabinet de curiosités, de sa dernière installation en ligne, fruit d’un patient travail d’écoute en résidence avec des enfants au contact de personnes âgées(une production l’ESPAI).
Nicolas Clauss vient de la peinture, baigné pendant quinze ans dans un univers de textures et d’influences brutes de matériaux, dans le droit-fil de Rauschenberg, ou Boltanski. Une dimension sensuelle et émotive qu’il n’a eu de cesse de traduire tout au long de son expérience numérique, sur le net tout d’abord- ne manquez pas de visiter sa galerie ludique ou grandeur nature avec des installations immersives telles que les Portes (Arcadi- Festival Nemo 2006).
Un Palpitant est sa dernière création picturale en ligne gigogne voire cinématographique. Au fil de cette visite à rebours aux confins descriptifs et immersifs, Clauss remotive la perception du « biographique « : de façon inédite, des réminiscences intimes affleurent au creux des présences, des confidences ou des traces, dont l’internaute choisit le rythme cardiaque, dans cette introspection personnelle à tous.
Les somnambules poétiques laisse la politesse au demi-sommeil calfeutré des ritournelles doucement éraillées ou émaillé de sourires réversibles, un ballet carmin d’effeuillement visuel sentimental au seuil préambule d’un manège aux souvenirs toujours modernes sous les jadis,dérision légère, mélancolie compassionnelle fragile sous la dispersion des strates, sous le surgissement des visages transparents de la mémoire, sous la fuite de ces vies filaires aux mains flétries. Palimpseste d’archives, de vidéos, de dessins, de rires, de mascarades et d’étoiles: l’en deça n’est jamais très loin, pour convoquer Bosch, ou Bacon.
Un dispositif participatif du trouble qui travaille le défilement descriptif et ludique et l’absorption introspective, dans un jeu zoom mystère de renvois comme un nouveau labyrinthe de verre, où l’enfance se parchemine sous le dessin signature des âges. Pour conjurer l’oubli d’un sourire, pour questionner le beau et l’effroi, l’ancien et le moderne, les métamorphoses des âges sous les cycles des unions.
Un joli message d’amour qui laisse tout chose.
Et vous, où gît votre sourire enfoui ?

Corinne Leborgne

www.nicolasclauss.com/unpalpitant
www.somnambules.net : dont une version–installation a été récemment présentée à Séoul avant d’intégrer l’écrin plus intimiste du Triton pour la prochaine saison électrojazz.