Terres arbitraires
(travail en cours)

une installation vidéo de Nicolas Clauss


« Il nous reste toujours des terres arbitraires », Aimé Césaire (Cadastre, Ode à la Guinée)

Terres arbitraires est un work in progress, une installation vidéo immersive et générative qui place le spectateur au centre d’un dispositif visuel et sonore le confrontant à des portraits vidéo ralentis et muets de jeunes habitants des quartiers populaires. A ces visages, à ces corps mis en scène, qui s’adressent directement  à la caméra et donc au spectateur, vient se superposer un flux sonore fait d’ambiances et de bribes de discours médiatiques, politiques et sociologiques produits autour de ces quartiers.

Des portraits ont déjà été filmés à Evry, Roubaix, Mantes-la-Jolie et Montreuil. En 2012 de nouveaux portraits seront fait à Marseille et ailleurs sur de nouveaux territoires.

Chaque installation donne lieu à une nouvelle forme, le dispositif est modulable. Il est constitué d’un ensemble de moniteurs de différents formats et de différentes tailles (4/3 et 16/9, de 15 à 50 pouces), d’images vidéoprojetées et d’un système octophonique de diffusion sonore. L'ensemble des images et des sons suit une partition semi aléatoire exécutée par un ensemble d'ordinateurs en réseau.


Etapes de travail :

Evry, Les Pyramides, automne 2010, genèse

Début 2010, avec la complicité de deux jeunes habitants, je rencontre de façon informelle de nombreux résidents du quartier des Pyramides à Évry. Chaque rencontre, chaque interaction nourrit une réflexion et alimente un vaste matériau (visuel et sonore) fait d’entretiens, d’ambiances enregistrées, d’images filmées sur le vif ou mises en scène.

Très vite, au cours des 6 mois de rencontres et de moments partagés s’imposent la nécessité et l’évidence de ramener le dispositif à l’essentiel : des portraits de jeunes gens, se retrouvant aux pieds des bâtiments, nous regardent.

Parallèlement aux temps de partage, je collectionne un matériau sonore composé de bribes médiatiques autour de la question des quartiers populaires, de leurs populations et des multiples sujets qui s’y rattachent (emploi/précarité, identité nationale/immigration, insécurité/insécurité sociale, traitement social/pénal, etc…).

Ces bribes de discours, cette rumeur, ce bruit médiatique (provenant de vidéos en ligne, d’extraits radiophoniques et télévisés d’hommes et de femmes politiques, d’éditorialistes cathodiques, de sociologues …) sont confrontés aux portraits, en noir et blanc et au ralenti, d’une  jeunesse dont l’image stéréotypée continue encore et toujours à nourrir les médias, les peurs, les projections...

Parmi les images, sont diffusés aléatoirement les noms de plus d’un millier de quartiers populaires constituant les 751 zones urbaines sensibles établies par l’Etat français dans ses successives « politiques de la ville ». Ces noms constituent les éléments d’un poème aléatoire et sans fin, absurde et imagé, d’une sorte de mémorial urbain.

Cette étape initiale a donné lieu à une exposition entre septembre et octobre 2010 au Théâtre de l'Agora.

Montreuil, été 2011 :

J'ai ensuite voulu élargir le cadre des Pyramides, ne pas circonscrire le travail à un seul territoire, réduit à un quartier particulier mais aller vers une oeuvre qui réunit peu à peu virtuellement et symboliquement des portraits venus de zones géographiques éclatées sur le territoire français. Parallèlement à l'enrichissement du corpus de portraits (notamment au Val Fourré de Mantes-la-Jolie), un temps de résidence en juillet 2011 à la Maison Populaire m'a permis, avec l'aide de Christian Delécluse, d'élaborer la partition visuelle et sonore (programmation Max MSP/Jitter, mise en réseau, diffusion octophonique du son ...) résidence à la Maison Populaire de Montreuil, juillet 2011

Marseille 2011/2012

En résidence à ZINC Friche la belle de mai à Marseille, je vais continuer à aller à la rencontre de nouveaux territoires pour de nouveaux portraits entre septembre 2011 et juin 2012. Une période de travail en octobre à la Friche me permettra de travailler la mise en espace et la construction scénique. Cette troisième étape sera présentée dans le cadre du festival Instants Video, du 5 au 13 novembre 2011. D'autres périodes d'atelier suivront au printemps 2012 pour une exposition à l'automne (dernier mouvement de Terres arbitraires).

exposition dans le cadre des 24eme Instants Vidéo du samedi 5 au dimanche 13 novembre 2011
la Friche la Belle de Mai, salle Seita, en partenariat avec ZINC
suivi de la projection du film "Les héritiers du silence" en présence du réalisateur Saïd Bahij.

Roubaix 2011/2012

Plusieurs semaines de résidence à la Condition Publique à Roubaix (d'avril 2011 à janvier 2012), où je poursuis la collecte de portraits. Cette quatrième étape sera exposée du 19 janvier au 12 mars 2012 à la Condition Publique.

Mantes-la-Jolie 2012

Exposition à l'ECM LeChaplin en mars/avril 2012

 

« Attendons. La France quittera décidément le temps et l’espace coloniaux bien plus tard […] même si d’autres couleurs ont remplacé sur le planisphère le rose symbolique de l’Empire, les Français vivent toujours leur supériorité, sauf qu’elle est un peu plus en eux-mêmes enfouie, plus au bas, probablement dans les replis des intestins. Autrefois hautaine, cette supériorité, sachant que ses jours sont comptés, devient hargneuse. Et, pour l’agacer, voici que la France est toute parcourue de Noirs, de métis, d’Arabes, qui ne baissent presque plus les yeux : leur regard est au niveau du nôtre. »
Jean Genet, Entretien avec Tahar Ben Jelloun, 1979

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aide à la composition et programmation Max MSP/Jitter : Christian Delécluse

Coproduction : Nicolas Clauss, Théâtre de l’Agora-scène nationale d’Evry et de l’Essonne, ZINC-Friche la Belle de Mai et l’EPCC La Condition Publique. En partenariat avec la Maison Populaire de Montreuil et avec le soutien du DICRéAM (CNC), d’Arcadi et de DRJSCS-DRAC PACA (Identités, Parcours & Mémoire 2011).